Comment développer son entreprise face aux différentes crises qui se succèdent : sanitaire, pouvoir d’achat, énergétique ? Comment intégrer la prise en compte des enjeux climatiques, environnementaux, sociétaux ? La question de nouveaux modèles économiques se pose, s’impose à tous les secteurs de l’économie. Le principe d’une économie de la fonctionnalité et de la coopération se diffuse et conquiert de plus en plus d’entrepreneurs. 

En effet, se structurer différemment pour compléter son offre de vente de biens et passer à une vente sur une performance d’usage se profile comme une alternative crédible.

 

Qu’est-ce que l’économie de la fonctionnalité et de la coopération ?

L’économie de la fonctionnalité ou service economy en anglais, résulte des travaux autour de l’économie circulaire et de l’économie de services de l’architecte Walter Stahel et de l’économiste Orio Giarini. Pour eux, le remplacement d’une économie basée sur la vente de biens par une économie de vente de services permettrait de réduire la consommation de ressources et créerait une valeur d’usage

Les consommateurs n’accèdent plus à la propriété du bien, mais à l’usage de ce bien. 

Une vision qui modifie la proposition de valeur de l’entreprise et la pousse à la collaboration.

Une idée centrale dans la définition que propose l’ADEME : « l’économie de la Fonctionnalité et de la Coopération est un modèle économique qui consiste à concevoir et à produire des solutions qui sont fondées sur l’intégration de biens et de services, associée à la vente d’une performance d’usage et/ou inscrite dans une dynamique territoriale ».

 

Les enjeux de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération

Pour l’ADEME, l’économie de la fonctionnalité et de la coopération ou EFC est étroitement liée à la transition écologique, énergétique et sociale. Si l’on se base sur cette définition. Elle établit une relation nouvelle entre l’offre et la demande et donc entraîne une véritable mutation pour l’entreprise et un changement de son process de contractualisation. 

L’économie de la fonctionnalité suit le fil conducteur du besoin : le besoin de l’entreprise, le besoin du client et le besoin du territoire (collectivité, écosystème global) et les besoins du développement durable. 

Dans ce sens, l’EFC s’accorde sur 4 objectifs principaux :

  • Miser sur la qualité et la rentabilité des ressources immatérielles plus que sur des prix bas ;
  • Préserver les ressources naturelles ;
  • Participer au développement durable des territoires ;
  • Améliorer le bien-être au travail en lui donnant plus de sens.

Le message de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération est clair : la transition sociale et environnementale ne pourra pas s’opérer sans un changement de modèle économique

Pour en savoir plus, l’ADEME fournit de précieuses ressources pour mieux cerner les enjeux pour l’entreprise et les territoires. 

 

Comment intégrer l’économie de la fonctionnalité ?

Passer d’une économie dite conventionnelle à une économie de la fonctionnalité nécessite l’engagement fort du CEO, de l’équipe de management. Ne plus être uniquement dans la transaction de biens entraîne un changement de la culture d’entreprise. Et ce changement est d’ampleur, il nécessite de sensibiliser les équipes et de mobiliser l’écosystème, l’ensemble des partenaires. 

Se faire accompagner pour changer de modèle économique

Pour mieux comprendre les changements, nous avons interrogé Nathalie Coulon, adhérente de la French Tech Pays Basque, fortement sensibilisée depuis des années sur les notions de bien-être au travail, elle s’est formée pour accompagner les entreprises vers le passage à une économie de la fonctionnalité.

Pourquoi avoir recours à un tiers ?

Un regard extérieur, l’implication d’un tiers est facilitateur pour, 

  • au niveau de l’écosystème :

-Repérer et analyser les besoins du territoire ;

-Communiquer, se rencontrer pour trouver un fil d’Ariane commun ;

-Fonder les bases de la coopération.

  • au niveau de l’entreprise :

-Accompagner le mouvement vers un nouveau modèle économique. Passer de la vente de volume à la vente de services, de prestations.

-Identifier les besoins en cohérence avec les clients, la ville et l’environnement.

 

 « J’ai un rôle d’accompagnatrice pour aider un chef d’entreprise à construire le réseau.  Pour l’EFC est un modèle économique humaniste, durable, créateur d’emplois et de lien social dans les territoires.  Cette démarche transforme les métiers pour plus de sens dans le travail. Elle propose une nouvelle façon de produire pour concevoir des solutions qui s’adaptent aux usages réels. Pour cela, elle nécessite un accompagnement dans la durée, afin de construire un nouveau modèle économique plus durable. »

 

Quels sont les axes prioritaires à mettre en place ?

Nathalie Coulon base autour d’un radar commun qui s’appuie sur une trajectoire de 8 points théorisée par Atemis.

trajectoire de l'économie de la fonctionnalité et de la coopération
crédits : Atemis

 

Dans le point 2, il ne faut pas négliger les effets externes du modèle économique actuel, car ils seront à prendre en compte et à intégrer dans le nouveau modèle.

Le point 3 permet de créer de la confiance.

L’exemple de Michelin illustre bien le point 4 quand ils augmentent la performance d’usage par la réduction d’usage des pneus en valorisant l’écoconduite.

Le point 6 met l’accent sur le besoin d’une cartographie des acteurs et surtout sur l’engagement de ces acteurs.

Une économie de fonctionnalité pour quelles entreprises ?

Nathalie Coulon a identifié 2 profils d’entreprises et surtout d’entrepreneurs qui effectuent ce changement de modèle :

  • une entreprise en difficulté qui veut évoluer et cherche des solutions nouvelles et innovantes
  • une entreprise, type start-up avec un mode de gouvernance déjà innovant et une attention accrue sur la transition environnementale et sociétale.

Concrètement, comment fonctionne l’économie de la fonctionnalité ? Au Pays basque, une entreprise Pragma Industries s’attaque à une question cruciale en milieu urbain : la mobilité douce.

 

Un exemple d’économie de la fonctionnalité au Pays Basque : Pragma Industries

Pragma industries est une entreprise implantée à Biarritz depuis 2004. L’entreprise développe et produit des piles à combustible à hydrogène. À travers son fondateur Pierre Forte, Pragma a pour mission de démocratiser l’accès à l’hydrogène, un hydrogène vers décarboné. Découvrez cette incroyable aventure entrepreneuriale dans notre reportage sur Pragma.

Depuis 2014, avec sa filiale Pragma mobility, l’entreprise crée le premier vélo à hydrogène. 

C’est le modèle de l’économie de la fonctionnalité et de coopération qui est choisi pour diffuser, commercialiser ce vélo. 

L’enjeu est de faciliter la mobilité urbaine, proposer une offre accessible financièrement, s’assurer de bonnes conditions d’utilisation et garantir une fin de vie écologiquement responsable. 

Pragma se positionne, alors dans une logique de location longue durée qui n’engage ni transfert de propriété ni transfert de responsabilité. 

Les avantages pour les usagers :

  • Payer un coût abordable puisqu’il ne paie que le temps d’usage ;
  • Ne pas être responsable du cycle de vie, Pragma se charge du recyclage ;
  • Bénéficier d’un moyen de déplacement toujours efficace.

Pragma industrie est bien plus qu’un équipementier, qu’un constructeur de vélo à hydrogéne. Il s’impose, aussi, comme un acteur engagé du territoire car l’entreprise :

  • maîtrise la technologie, toute la chaîne de production jusqu’au recyclage ;
  • s’implique dans le développement et l’implantation des bornes de recharge en milieu urbain ;
  • joue pleinement son rôle d’équipementier et s’associe avec des partenaires pour équiper leurs vélos, scooter, trottinette, etc.
  • s’engage avec les collectivités pour les équiper avec des flottes de vélo à l’hydrogène ;
  • se mobilise autour de la création de voies réservées à la mobilité douce.

 

L’économie de la fonctionnalité et de la coopération est un véritable engagement de l’entreprise avec ses partenaires, les acteurs économiques et institutionnels d’un territoire, des engagements de développement durable et les besoins de ses clients. De cette coopération autour de la transition sociale et environnementale ressort une cohérence qui génère de nouveaux marchés et des solutions positives pour une nouvelle économie pérenne et locale. 

Pour le Pays basque, notre correspondant local d’ADI Nouvelle-Aquitaine est  Pierre-Gilles Point, il est également référent développement durable.

Des entreprises innovent sur le Pays Basque, découvrez des leaders inspirants du territoire dans les reportages de la French Tech Pays Basque.